HENRI-GEORGES CLOUZOT
En 1964, Henri-Georges Clouzot réalisateur talentueux de chefs-d'oeuvre du 7ème Art, "Quai des orfèvres"1947, "les diaboliques" ou le magistral "Mystère Picasso" en 1955, s'attelle dans le plus grand secret à un projet artistique d'une ambition proprement étourdissante au titre pour le moins évocateur : L'Enfer.
Visions hallucinées mues par l'esprit souffrant de Marcel Prieur (Admirable Serge Réggiani), de son obsession maladive pour sa femme Odette (la radieuse Romy Schneider) mis en images avec un parti-pris esthétique encore jamais exploré alliant l'Art cinétique, l'Héliophore de Louis Dufay, qui aura pour effet de transposer sur pellicule l'état mental du protagoniste central avec une déstabilisante et hypnotique précision.
La troublante beauté de Romy y est sublimée, sa sensualité transcendée; grâce lui soit éternellement rendue pour son implication complète et sans faille à la vision rigoureuse, méticuleuse et inflexible de l'exigent cinéaste.
Si l'oeuvre demeure inachevée, le film abandonné, Henri-Georges Clouzot nous aura démontré un altruisme égal à nul autre dans la poursuite inlassable du rêve d'un auteur pour sa création.
Serge Bromberg exhumera par l'effet "d'un hasard fortuit" (et la confiance d'Inès Clouzot) les bobines conservées aux Archives Françaises du film du CNC et nous offrira la possibilité d'imaginer notre propre allégorie en visionnant ces essais mythiques, nous laissant ainsi tout loisir de réinventer et de perpétuer sans fin l'édifice légendaire, labyrinthique et incandescent du Grand Maître.
En aparté, je ne puis m'interdire d'évoquer l'émanation Proustienne, les deux personnages principaux Marcel Prieur (Marcel Proust?) et Odette (De Crécy ?) sans omettre le titre du long-métrage qu'il réalisera en 1968 en écho, ayant pour cadre le monde de l'Art contemporain : La prisonnière...